Le Petit Journal
Lepetitjournal.com : Qui sont les partis d’extrême-droite en Grèce ?
Georgiadou: Chryssi
Avgi est un parti d’extrême-droite. Sur la scène politique d’extrême
droite en Grèce, il y a également des petits partis (par exemple Proti
Grammi (First Line)) qui sont eux aussi des partis extrémistes mais qui
ne sont pas importants dans le système des partis grecs. Bien que le
terme « extrême-droite » soit très souvent utilisé dans les médias et
dans les discours politiques, il faut distinguer les partis
d’extrême-droite de ceux de la droite radicale.
Les premiers sont
souvent violents et n’hésitent pas à utiliser la force contre leur
adversaires politiques, les immigrés ou les groupes minoritaires
(ethnies, groupes sociaux…). Ils soutiennent des idées racistes et ne
reconnaissent pas les frontières nationales. Ils ont des ambitions
irrédentistes afin d’élargir l’Etat nation. En résumé, ils sont
nationalistes, populistes et autoritaires et préfèrent une politique de
l’ordre public. De plus, ils s’opposent à une société multiculturelle.
Les
partis de la droite radicale ne sont pas anti-démocratiques et ils
acceptent, du moins formellement, les principes de la démocratie
libérale. L’aube dorée (Chrissi Avgi) est un parti d’extrême droite
typique tandis que le Laos est un parti radical de droite.
Lequel est le plus dangereux d’après vous ?
Chryssi
Avgi est une organisation réellement dangereuse. L’usage de la
violence, leur style agressif envers les étrangers, les politiciens et
les citoyens qui sont en désaccord avec leurs méthodes et leurs
objectifs prouvent qu'elle n’accepte pas les bases du régime
démocratique.
Comment expliquez-vous l’entrée de ce parti au Parlement ?
Lors
des élections, Chrysi Avgi a été avantagée par la crise économique, le
fort taux de chômage, la peur et des perspectives d’avenir incertaines,
l’immigration, le grand nombre de migrants en situation irrégulière en
Grèce, l’effondrement du système de partis et la stratégie opportuniste
du Laos.
De plus, le parti s’est efforcé de répondre au plus près
aux attentes des électeurs et a développé une présence systématique et
organisée dans de nombreuses villes grecques, y compris le centre
d’Athènes. Le parti a développé une double stratégie qui consiste à
utiliser la violence contre les "Autres" (émigrés, ect...) tout en
essayant de protéger ces populations ethniques des « criminels », des
politiciens corrompus et du manque d’assistance de l’Etat-Providence. Je
pense que cette stratégie a joué un rôle crucial dans leur entrée au
Parlement.
Quelles sont leurs revendications?
Leurs
revendications se résument à : « Nettoyer » la Grèce des immigrants en
situation irrégulière. « Nettoyer » la Grèce des politiciens corrompus.
Ils sont contre la mondialisation, contre les banques, les riches, les
Turcs, les musulmans et ceux qui ont trahi la Nation.
Pourquoi qualifie t-on ce parti de néonazi ?
Je
ne suis pas d’accord avec les étiquettes « néo-nazis », « néo
fascistes » parce qu’elles n’aident pas à l’analyse de ce phénomène.
D’un autre coté, la Chryssi Avgi soutient les idées racistes. D’après
eux, la nation grecque est supérieure aux autres nations.
Pensez-vous
qu’il y a eu un réel sentiment national ces dernières années en Grèce
qui justifierait ce vote ou croyez-vous que c’est un moyen de contester
la crise et les grands partis au pouvoir ?
Il s’agit d’un
vote anti-immigration. Mais c’est vote qui a pour vocation de punir
l’ensemble du système politique. La Chrysi Avgi était le seul qui était
totalement en dehors du système politique et du système des partis.
Que pensez-vous de la montée de l’extrême droite en Europe en ce moment ?
En
Europe, il y beaucoup de partis radicaux de droite qui remportent des
élections avec succès. Les partis d’extrême droite, quant à eux, restent
en marge du système des partis et n'ont, normalement, aucune influence
sur la vie politique.
Propos recueillis par Elsa Breau (www.lepetitjournal.com/athenes.html) Jeudi 17 mai 2012
http://www.lepetitjournal.com/societe-athenes/107428-actu-lextreme-droite-a-lordre-du-jour.html